Hommage au maréchal Michel-Joseph Maunoury

Le 11 novembre 2023, la ville de Maintenon (Eure-et-Loir)

a souhaité rendre hommage à l’un de ses enfants en donnant le nom du Maréchal Maunoury à un square de la commune dans lequel a également été inaugurée une statue du vainqueur de la bataille de l’Ourcq en septembre 1914.

Les aveugles de guerre sont très sensibles à l’honneur fait à leur illustre camarade devenu aveugle à la suite d’une grave blessure reçue aux yeux le 11 mars 1915 alors qu’il inspectait des tranchées en première ligne.

Président d’Honneur de l’Union des Aveugles de Guerre lors de la création de l’association en décembre 1918, il a assuré aussi la présidence de son comité de patronage jusqu’à son décès le 28 mars 1923, date à laquelle le général Maunoury a été élevé à la dignité de Maréchal de France à titre posthume.

Le président Pierre Tricot étant retenu par les cérémonies du 11 novembre à l’Arc de Triomphe, la Fondation des Aveugles de Guerre a été représentée par M. Thomas Carré, administrateur, arrière-petit-fils, petit-fils et fils d’aveugle de guerre.

La cérémonie a rassemblé une cinquantaine de personnes autour de la mémoire du Maréchal Maunoury dans une ambiance très recueillie où la fierté de l‘enfant du pays s’est ressentie.

Étaient présents, Guillaume KASBARIAN, député de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loir, Thomas LAFORGE, maire de Maintenon, les adjoints et conseillers municipaux ainsi qu’une délégation d’habitants de Maintenon.

Participaient également à cet hommage, Mesdames Annie SONRIER et Marie-Thérèse CORDONNIER, adjointes au Maire du RAINCY (Seine Saint-Denis), commune où était installé le quartier général du général Maunoury pendant la bataille de l’Ourcq, une petite délégation de l’École Polytechnique dont le général était un ancien élève, plusieurs porte-drapeaux d’associations patriotiques et des figurants en uniforme de poilus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De gauche à droite : Thomas Carré, Thomas LAFORGE (Maire de Maintenon), l‘artiste Ybah Sculpteur, Gérard ALLOT (conseiller municipal et maître de cérémonie), Alexis ROBIN (4ème adjoint) et les élèves de l‘Ecole Polytechnique

Alexis ROBIN, adjoint chargé de la communication, de la valorisation du patrimoine et de la citoyenneté, a retracé la vie du Maréchal Maunoury, puis le Maire, Thomas LAFORGE a salué les personnalités présentes avant de rendre hommage au Maréchal Maunoury et de remercier l‘équipe qui a réalisé ce projet important pour les Maintenonnais.

Accompagné d’enfants, M. LAFORGE a ensuite déposé une gerbe de fleurs au pied de la statue du Maréchal Maunoury, suivi du dépôt de gerbe de la Fondation des Aveugles de Guerre effectué par Thomas Carré.

L‘assemblée s’est recueillie en écoutant la sonnerie aux morts puis a entonné la marseillaise.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dépôt de gerbe par Thomas Carré

L’artiste, Ybah Sculpteur, a présenté sa démarche, les différentes phases de la réalisation de la statue constituée de 243 Kg de bronze (Portrait, moulage en silicone, moulage en plâtre, travail avec le fondeur) et remercié l‘équipe projet.

Une copie de la statue, également en bronze, sera prochainement inaugurée dans la ville du RAINCY.

La cérémonie s’est conclue par une séance de photos et le partage du verre de l’amitié dans une salle municipale adjacente au square Maréchal Maunoury.

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Statue du maréchal Maunoury

 

Thomas Carré, Thomas Laforge - maire de Maintenon -, Ybah - sculpteur

 

Pour compléter cet article et rappelé le souvenir du Maréchal Maunoury, nous reproduisons ci-dessous des articles publiés dans le bulletin de l’Union des Aveugles de Guerre lors de son décès en 1923 et de l’inauguration de son buste au siège de l’UAG, rue Blanche à Paris, en 1939.

 

Discours de M. Albert Conan, président de l'UAG de 1936 à 1945

"Monsieur le ministre,

Mon général,

Mesdames, messieurs,

Le maréchal Maunoury fut le premier président d'honneur de l'Union des Aveugles de Guerre. Les aveugles de guerre honorent sa mémoire et lui rendent aujourd'hui un fervent hommage de reconnaissance en inaugurant son buste dans leur maison familiale. C'est une journée heureuse qui marquera dans l'histoire de leur association et restera gravée dans leur souvenir.

Monsieur le ministre,

Vous avez accepté de rehausser par votre présence l'éclat de cette cérémonie, vous avez tenu à y apporter le témoignage de vos sentiments personnels. Les aveugles de guerre vous en ont un gré infini et vous prient de recevoir leurs respectueux remerciements.

Mon général,

Vous nous avez fait l'honneur de bien vouloir présider cette inauguration, les liens particuliers qui nous attachaient au maréchal Maunoury nous le faisaient désirer vivement. Le général et Madame Schneider-Maunoury, tous les membres de la famille du grand chef militaire que, tout à l'heure, les aveugles de guerre ont reçu avec émotion et remercié de leur avoir apporté le souvenir affectueux de Madame la maréchale Maunoury, y sont eux-mêmes très sensibles.

"Je suis, nous disiez-vous, lié à la grande mémoire du maréchal Maunoury, par toutes les fibres de mon coeur" Comme à nous, il vous est cher d'évoquer son souvenir. Permettez-moi de vous en exprimer nos remerciements les plus vifs et les plus profonds. 

Les sentiments de gratitude des aveugles de guerre s'adressent aussi à toutes les personnalités civiles et militaires et représentants des associations des anciens combattants dont la présence donne à cette cérémonie un caractère élevé, digne du grand nom qu'ensemble nous voulons honorer. Je suis l'interprète de mes camarades en leur disant combien nous sommes touchés aussi du témoignage de sympathie qu'elles nous apportent ; nous en sentons tout le prix et nous les remercions de tout coeur.

Après nos remerciements à toutes les personnes qui ont répondu avec empressement à notre invitation, notre pensée va plus loin et, par toute la France, rejoint tous ceux dont les sentiments sont à l'unissons des nôtres et s'associent à nous dans le pieux devoir que nous remplissons.

Les aveugles de guerre ont choisi pour cette inauguration le vingtième anniversaire de la fondation de leur Union. Ils ont voulu qu'à cette occasion leur premier acte fut un geste de reconnaissance envers le glorieux grand blessé qui se consacra à eux dès la première heure et, dans leur épreuve commune, fut un exemple vivant.

Pour la seconde fois, nous nous réunissons autour du buste de l'un de ceux que leur coeur a amené jusqu'à nous, qui se sont intéressé à notre vie, nous ont aidés et aimés.

Il y a deux ans, en présence de M. Maurice Donnay, je vous disais tout ce que devions à Eugène Brieux, qui l'un des premiers, comprit la voie dans laquelle nous devions nous engager, dirigea notre rééducation et fut l'un des partisans les plus sincères de notre Union.

Aujourd'hui, ce voile recouvre la grande et émouvante figure noblement et cruellement blessée d'un de nos grands chefs militaires, devenu notre président d'honneur vénéré.

Nous avons déjà dit à plusieurs reprises comment s'était fondée l'Union des Aveugles de Guerre pour répondre aux sentiments de l'ensemble de ces hommes blessés frappés de la même façon. Ils voulaient que tous leurs efforts se concentrent dans un organisme unique chargé de les représenter en toutes circonstances, chargé aussi de développer et d'assurer leurs sentiments d'entraide tout en veillant à leurs intérêts et au maintien de leur dignité.

Tout naturellement, ils se tournèrent vers le maréchal Maunoury qui accepta d'être président d'honneur de cette Union et s'y donna avec tout son dévouement habituel.

Le monde entier garde le souvenir de l'action décisive du maréchal Maunoury au début de la guerre lorsqu'après des semaines de décevantes marches en arrière, nous faisant vivre les inoubliables journées de septembre 1914 et surmontant les fatigues épuisantes qu'il partageait avec ses soldats, il gagnait la bataille de l'Ourcq, battant devant Paris la plus orgueilleuse des armées allemandes et accomplissant ainsi le premier acte de la victoire de la Marne.

Des historiens de talent ont retracé ces héroïques exploits. Vous êtes, mon général, l'un de ceux qui ont rendu le plus juste, le plus grand hommage à la gloire du maréchal Maunoury, du grand chef qu'il était. A nous de dire combien fut important son rôle dans le monde des grands blessés.

Il avait accepté la présidence d'honneur de l'Union, non pas seulement pour nous apporter l'appui de son nom ; il voulut être et il fut un président actif, attentif et dévoué.

En feuilletant la correspondance de cette partie de notre histoire, nous constatons combien la clarté de son esprit, sa volonté de nous voir réussir nous furent utiles.

Notre société ne possédait alors que de faibles moyens et jusqu'à la réalisation de cette maison, notre modeste siège n'aurait pu nous permettre de donner au buste du grand disparu, traité de façon poignante par le maître Jean Boucher, le cadre qui lui convenait.

Il avait réuni autour de lui, dans un Comité de patronage, de hautes personnalités dont le concours dévoué nous fut aussi des plus précieux et qui nous aidèrent dans toutes nos entreprises. C'est ainsi que fut soutenu à cette époque l'action législative dont nous avions besoin. Des fêtes, furent organisées, des bals, des expositions, des galas eurent lieu. Tout fut mis en oeuvre pour nous donner des assises solides  qui nous ont amenés à ce que nous sommes aujourd'hui. Et nous sommes heureux de remercier à nouveau nos amis clairvoyants et de leur rendre un juste hommage.

Toute cette action, au point de vue matériel, nous fut extrêmement utile mais je veux parler du côté plus intime qui nous fut si précieux, si réconfortant.

La balle ennemie qui l'avait frappé au créneau de Nouvron en avait fait un aveugle de guerre et, de ce moment, tout le rapprochait de nous, tout nous liait à lui.

Pour lui, comme pour nous, les images vivantes n'étaient plus que des images passées. L'espace, la lumière : un souvenir qui va chaque jour s'effaçant un peu plus. Pour lui, comme pour nous, le voile sombre avait séparé la vie qui avait été la sienne, la nôtre, de la vie nouvelle qui nous attendait.

Nous le sentions penché sur nous, plein de douceur et de sollicitude, cherchant d'abord à apaiser une souffrance qu'il partageait, puis à surmonter l'épreuve que son âme vaillante et généreuse lui fut supporter sans plainte inutile, sans défaillance.

Ses visites étaient bienfaisantes. Il venait en toute simplicité, presque toujours accompagné de madame Maunoury qui accomplissait ainsi le geste qui nous est cher : celui des mains amies qui nous guident.

Voilà brièvement exposé ce que fut le maréchal Maunoury pour les aveugles de guerre. Il aimait notre Union. Il l'avait faite sienne et s'y consacrait avec coeur, certain des services qu'elle était appelée à rendre et confiant dans sa destinée.

Tel il demeura jusqu'au jour douloureux de sa mort, survenue brusquement alors qu'il se rendait dans son domaine d'Herbilly, près de ceux qu'il aimait. Ce fut un jour de deuil et de tristesse que nous ressentîmes profondément. Les aveugles de guerre s'associèrent particulièrement aux regrets de son entourage, à la douleur de madame Maunoury et de tous les siens.

Il repose maintenant à la place qui lui est due, sous le dôme des Invalides.

Ce matin, les aveugles de guerre se sont incliné devant le marbre qui le recouvre. Ils se sont recueilli l'âme pénétrée  par les nobles exemples de tous les noms glorieux inscrits dans ce sanctuaire où se reflète avec grandeur le génie militaire de la France.

Nos sentiments de reconnaissance, gravés au vif de notre coeur, mon général, vous les avez compris.

Le nom du maréchal Maunoury, auréolé de gloire, vous nous avez permis au nom de madame la maréchale  et au vôtre, d'en illustrer notre livre d'Or. Nous vous en remercions. Soyez assurée madame, que, placé au milieu de nous, ce buste perpétuera le souvenir du bien qu'il nous a fait.

Si nos trois couleurs françaises ne sont plus qu'un bruissement soyeux perçu par nos oreilles, un autre drapeau fait de patience, de courage, d'énergie s'est levé et porté bien haut par le maréchal Maunoury, a tracé le chemin que s'efforcent de suivre les aveugles de guerre de France.

A. Conan