Apprentissage d’un dispositif vibro-tactile permettant de compenser les déficiences visuelles.


Une solution technologique prometteuse pour compenser les déficiences visuelles est de remplacer l’information visuelle par des informations provenant d’une autre modalité sensorielle, le toucher par exemple. De tels dispositifs vibro-tactiles sont développés depuis un peu plus de 40 ans, avec un nombre croissant d’études ces dernières années. Cependant, ces dispositifs restent peu utilisés par la communauté des personnes atteintes de déficiences visuelles,

soit parce qu’ils ne fonctionnent pas de manière optimale, soit parce que leur utilisation est trop contraignante ou trop couteuse cognitivement. Leur adoption repose, selon nous, sur un meilleur accompagnement des utilisateurs dans leur apprentissage du dispositif, ainsi que sur la prise en compte des spécificités individuelles. Les objectifs de ce projet de recherche étaient :

1) d’identifier les méthodes d’apprentissage efficaces permettant de s’approprier un dispositif vibro-tactile et de l’utiliser de manière efficace dans les conditions les plus larges possibles.

2) d’évaluer les préférences individuelles dans l’utilisation du dispositif, en prenant en compte la spécificité de chaque utilisateur par rapport à son déficit visuel.

Nous avons utilisé une ceinture tactile composée d’une matrice de 3-x-3 vibreurs pour évaluer les capacités de reconnaissance de formes tactiles présentées à la surface du corps. Dans des protocoles d’apprentissage, nous avons montré que les participants reconnaissent des formes tactiles en 2-D lorsque ces formes sont tracées de manière dynamique grâce à l’activation successive des différents vibreurs. De plus, après apprentissage, la reconnaissance de forme se transfère d’une surface du corps entraînée à des surfaces non entraînées, permettant à l’utilisateur de pouvoir déplacer la matrice vibratoire sur son corps sans perte des capacités perceptives. L’apprentissage se généralise également à des formes non apprises mais ceci nécessite d’apprendre un ensemble de formes relativement hétérogène. Enfin, nous avons mis en évidence l’existence de préférences individuelles importantes quant à la définition des coordonnées spatiales (haut, bas, gauche, droite) des stimulations tactiles. Ces préférences individuelles sont influencées par l’expérience visuelle passée (non-voyants congénitaux, précoces ou tardifs), la lecture du braille et les habitudes d’utilisation d’autres technologies d’assistance.

Les résultats obtenus permettent de proposer des méthodes d’apprentissage efficaces et individualisées permettant à l’utilisateur de s’approprier un dispositif vibro-tactile. Les résultats obtenus ont également des implications pour les dispositifs tactiles destinés à compenser les déficiences visuelles de manière générale (conversion visuo-tactile ; cane électronique ; gps ou boussole tactiles).

Docteur Gabriel Arnold, sous la direction de Malika Auvray (Institut Jean Nicod, CNRS) - bourse 2014